Faut-il voir en Nabilla une visionnaire du sujet que je souhaite aborder ? Toujours est-il que depuis 3 ans, l’Université de Brest planche sur un sujet d’envergure : déterminer de manière précise qu’elle est l’exposition du Français au produit cosmétique. Il faudra attendre mi-2016 pour avoir la version finalisée des conclusions de cette étude. Mais les experts ont accepté de partager avec nous certaines données qui me permettent aujourd’hui de dire par exemple : « Allo quoi ! T’es une femme, t’utilises pas 16 produits cosmétiques différents par jour ! », puisque l’étude montre qu’en moyenne, une femme de plus de 15 ans utilise 16 produits différents par jour.
Tout ça, c’est sérieux !
Attention : nous ne sommes pas là dans le mini-sondage effectué sur 100 personnes, prises dans un même quartier, dont le résultat va amener la petite touche humoristique en fin d’un journal télévisé trop déprimant. L’étude est d’envergure, à la mesure de son ambition. Ce sont 7000 personnes interrogées par internet, 11000 par téléphone, encore 1500 par internet, et 1200 qui ont été évaluées en face en face, et le tout, sur la base des quotas de l’INSEE pour des données nationales réelles et représentatives.
Car vous l’ignorez peut-être, mais les instances qui s’occupent de votre santé regardent de près tout ce que vous consommez : aliments, médicaments, mais aussi eau micellaire, dentifrice, crème solaire qui sont considérés comme des produits cosmétiques. Si on a déjà conclu depuis belle lurette que la ration alimentaire quotidienne conseillée ne devait pas dépasser X calories, selon qu’on est homme/femme, sportif/intellectuel, âgé/jeune, on ne sait pas grand chose de la « ration cosmétique »…
Au même titre qu’on nous prévient contre les risques de l’obésité, les services en charge de la protection des consommateurs (en l’occurence, ici, l’ANSM) ont également le souci des risques de « l’obésité cosmétique ». Et cela ne date pas d’hier : la France donne souvent le « La » en adoptant des principes de précaution plus drastiques que d’autres pays. C’est le cas par exemple pour les parabènes : malgré des résultats contradictoires, l’état Français a voté leur interdiction le 3 mai 2011.
Il faut donc voir dans ces données réelles d’exposition aux substances cosmétiques de la population française, une réelle opportunité d’aborder les thèmes polémiques de manière concrète.
Cocorico !!!
Après, les polémistes ont de beaux jours devant eux. Des données concrètes, c’est bien, encore faut-il que le rapport qui les présente ne soit pas oublié au fond d’un placard.
Apprécions tout de même l’initiative de l’ANSM : la France, emblème de la Cosmétique, ne faillit pas à sa réputation en étant la première à solliciter cette étude, en vue d’améliorer la protection des consommateurs. Et nos fabricants français continueront d’être à la pointe de la Cosm-Ethique !
Comptez sur moi pour produire quelques billets supplémentaires sur ce thème, car, au-delà des aspects « sécurité », les résultats de cette étude vont nous tendre un miroir fidèle et à jour de nos habitudes cosmétiques, et peut-être également nous sensibiliser à d’autres périls.
On peut d’ores et déjà parler de l’usage croissant des lingettes, dont la majeure partie ne sont pas faites en matériau biodégradable. Oui, je suis comme vous : j’ai du mal à imaginer ma vie sans lingettes. Mais si on me met « sous le nez » la taille de déchets non biodégradables que cela représente, je vais peut-être revoir mon mode de consommation. Sans parler de celles qui passent par les toilettes et qui vont augmenter les coûts de retraitement des eaux (et celui de ma facture …).
Et merci, Nabilla !